Réveil

Je suis lasse d'attendre... attendre quoi... Le monde démoniaque me réclame, il me parle de nouvelles magies, de nouveaux démons à combattre, à contrôler... A l'en croire, un nouveau monde se serait ouvert... Je n'en crois rien... Mais peut-être devrais-je aller vérifier ? Sortir de ma retraite ?

Dalya se lève de son vieux et fidèle fauteuil placé au coin de la cheminée. Il est usé, décrépi, elle se rend compte à quel point son ascèse à été longue. Elle contemple la flambée jaune orangée, les crépitements lui apparaissent comme une armée d'insecte à l'assaut de sa conscience... Une bûche se met à siffler avant de s'effondrer, envoyant ça et là une nuée d'intecelles semblable à des lucioles virvoletantes. Un instant, elle y voit l'image de sa propre lumière intérieure, celle qui lui permet de commander aux démons sans tomber sous leur coupe. Elle est encore bien présente, peut-être même plus présente que jamais, plus vivante, plus puissante.

Tout ce temps passé en réflexion, en lectures, en piètres expérimentations, alors qu'au dehors, de nouveaux défis peut-être, m'attendent, me feraient peut-être progresser... Peut-être y trouverais-je les réponses qui me harcèlent depuis que l'on m'a chassée de la maison familiale...

- Peut-être... toujours des peut-être... Il suffit ! L'oisiveté ne me donnera pas de réponse ! Je ne les trouverai pas dans les livres, pas dans ma tête, pas même dans le monde démoniaque ! Non, la seule chose que je puis faire est d'agir, de revenir au monde, de l'affronter, de me fortifier...

Sur le haut de la bibliothèque, un diablotin terne, presque éteind... En entendant les mots de sa maîtresse, en sentant sa détermination, il prend conscience des flammes qui commence à rejaillir de lui... Hop ! Une galipette ! Depuis combien de temps n'avait-il pas eu envie de faire une galipette ? De terne, il est redevenu comme un deuxième foyer dans la petite pièce. Sa maîtresse à les yeux fixé sur lui.

- Et bien ! Qu'as-tu à sourire comme ça toi ?

A vrai dire, elle aussi arborait un mince sourire. Un sourire de connivence, de jubilation rentrée, d'excitation... Un sourire à la vie nouvelle qui l'attendait là, dehors.

- Qu'attends-tu bougre d'andouille ! Aide-moi, il y a temps de choses à régler afin que nous puissions repartir là où le destin nous ménera ! Dans deux semaines, trois au maximum, nous faisons notre retour en Azeroth !

Le diablotin parti d'un grand rire joyeux - si tant est que l'on puisse appeller joyeux le rire d'un quelconque démon - avant de sauter de son promontoire. Aux senteurs de feu de bois et bien sûr de dahlias que sa maîtresse passait son temps à faire fleurir, se mélèrent subitement des relents de souffre.

- Ne t'excite pas ainsi, tu pues !

Mais le diablotin ne l'écoutait plus vraiment, il continuait de rire en s'attelant à passer en revue toutes les tâches qu'il avait à accomplir. Il courait en tout sens laissant des traînées de feu souffreuteuses sur son passage. Dalya, au centre de la pièce, semblait heureuse. Heureuse ? Et oui, cela faisait tellement de temps qu'elle n'avait plus ressenti cela. Et le sentiment s'accompagna d'une foule de souvenirs...

Elle pensa à ses anciens compagnons de guilde, sa grande amie Sorelliane, Selya, à la petite Amnesia... Petite ? Elle ne doit plus être si petite que cela ! A Zekia, sa compagne gnome de toujours, qui devait être toujours aussi exhaspérante ! A Tiberias, à Lunarciel, à Merynn... Et Yania, Vasilli, Gilgalad, Damo ! Et tous les autres ! Et puis ses compagnons de route aussi, l'arrogante Aude et Amelyne et Loryn et Lykéana qui ne pouvait pas la voir en peinture... !

- J'espère qu'ils ne m'ont pas oublié ! Non, il ne m'ont pas oublié ! Oh, et puis si c'est le cas, je vais me rappeller à leur souvenir ! Oh.... Et il y a Dorcha aussi... Elle aussi s'est retirée du monde...

Elle ôta le drap qui couvrait un grand miroir sur pied décoré des formes les plus macabres comme il convient pour une démoniste de son rang, balbutia quelques mot en démonique. Son image dans le miroir se déforma. A la place, se tenait une jeune femme rousse ramassant quelques herbes dans les bois. Avec un demi-sourire, Dalya se parla à elle-même :

- Et bien, tu es encore vivante Dorcha... Et je sais maintenant où tu te caches, je vais bien trouver un moyen de te faire revenir avec moi, que tu le veuilles ou non, c'est pour ton bien !

Dans le miroir, la jeune femme rousse, releva la tête, fronça les sourcils, regardant autours d'elle et sembla s'addresser à un arbre devant elle...

- Dalya ! Je sens ton odeur de mort jusqu'ici ! Ca y est tu es sortie de ton cerceuil ? prends au moins un bain avant d'entrer en ville ! Et fout moi la paix !

Dalya souriait

- Elle non plus n'a pas changée, et elle prête, tout comme moi !

A l'autre bout de la pièce, le diablotin, toujours plus lumineux s'afférait en marmonant "horde, prends garde ! Ma maîtresse est de retour, nous sommes de retour !"...

Zekia se reveille en sueur, jette un oeil autour d'elle, constate que ses amis démons sont là près d'elle

Ouf, ce n'était qu'un mauvais rêve. J'ai du trop forcer sur les hamburgers dimensionels, ou sur la bière du rempart du Néant.

Mais enfin, rêver que la grande frimeuse Dalya revenait parmis nous, il faut vraiment que je fasse attention. Mais non, ça ne peut vraiment être qu'un rêve, c'est impossible qu'elle soit encore en vie, ou qu'elle se souvienne encore de nous.

Bon, Brahd, Haagun, Lynvina, je retourne dormir et chasser ce mauvais rêve...soyez sages.

Zekia se recouche en espérant se rendormir très vite

Dorcha semblait somnoler sous un chêne. Les branchages la protégeaient des rayons du soleil ; une odeur appaisante d'humus et de fougère envahissait l'air.

- Cette cinglée ne sait pas à quoi elle s'expose, je ne peux pas la laisser seule. En même temps, toute cette agitation, ces combats, ces tentations... je croyais en avoir fini avec cela...

Sa décision était prise, elle se leva lentement, et sans prendre le temps de retirer les brindilles qui constellaient sa chevelure, se mit en marche vers son refuge. Elle tisona les braise pour raviver le feu, il faisait bien assez chaud mais la présence du feu, son odeur, ses crépitements, la rassurait. Assise derrière sa table de travail elle sortit sa plus belle plume et un rouleau de parchemin vierge.

A l'attention d'Amnesia, Tiberias, Zekia, Sorelliane ou tout autre personnes ayant autorité au sein Du Crépuscule à l'Aube ainsi qu'à ses membres.

Salutations à tous,

Et non je ne suis pas morte, ni même endormie dans un sommeil magique ! En toute franchise je ne pensais pas un jour avoir à vous doner de mes nouvelles. Non que je vous ai oublié, bien au contraire, vous me manquez beaucoup, mais il me semblait plus simple de me faire oublier pour éviter une déchirante séparation.

Seulement voilà, Dalya a décidé de faire son retour que je pressent pour les semaines à venir, et je ne peux décemment la laisser livrée à elle-même, même si je sais que vous êtes là, elle serait capable de se faire mal toute seule ! Je sais aussi qu'elle ne daignera mêm pas donner de ses nouvelles avant d'arriver...

C'est pourquoi je vous demande l'autorisation pour Dalya et moi d'être réintégrées dans la guilde à notre retour. Je comprendrais très bien un refus de votre part si vous jug<tâche d'encre>

- Mais qu'est-ce que....

Au dessus de la lettre, l'air sembla s'assombrir pour devenir un sombre tourbillon duquel une main hideuse et griffue s'empara de la lettre accompagné d'un "Seeeeeeeervice postal expressssssss" d'une voix stridente et déformée. Dorcha était furieuse....

- Dalya ! Tu ne perds rien pour attendre !!

A quelques lieux de là, Dalya observait la scène d'un air amusé au travers son miroir.

- Avec cette ecervelée, je n'aurais même pas eu à la convaincre. Trop facile ! Enfin, voilà une bonne chose de faite !

Zekia lut et relut cette lettre reçue de Dorcha, n'en croyant pas ses yeux

Mais non, c'est pas possible, ce n'était qu'un rêve. La grande madame qui sait pas danser et la grande frimeuse qui reviennent, c'est comme si d'un seul coup je n'étais plus la reine de la danse, c'est tout simplement impossible.

Mais bon, on m'a écrit une lettre, ça ne se fait pas de ne pas y répondre...allons y.

Zekia s'installe à son bureau et se met à écrire

Très chère Dorcha

J'ai été très déçue surprise d'apprendre que tu étais toujours en vie, et ça me fait mal chaud au coeur de savoir que toi, ainsi que Dalya allez bien.

Maintenant, tu nous annonce que vous comptez revenir parmis nous. Et bien sâche que, comme j'ai toute l'autorité sur cette guilde, ce sera avec beaucoup de grincements de dents joie que nous vous accueillerons à nouveau parmis nous.

Tu sais bien évidemment que tu ne pourras pas compter sur moi pour de l'aide, ce n'est pas mon genre de perdre du temps laisser de coté les amis.

Alors je te dis à jamais très bientot

Zekia, reine de la danse.


Zekia relit sa lettre, satisfaite, la plie et la glisse dans une enveloppe qu'elle pose sur le comptoir de la banque de Hurlevent

Une herbe aux fleurs bleues sentant la lavande dans ce bocal, une aux fleurs rouges sentant la rose dans celui-ci, une aux fleurs blanche sentant le magnolia dans celui-là ; une aux fleurs bleues dans ce bocal, une aux fleurs rouges dans.......

- Mais tu vas rentrer oui ?

Le bocal était à moitié vide, pourtant la plante semblait comme repoussée chaque fois que Dorcha la présentait devant l'ouverture... Elle sentie une tièdeur moite émaner du récipient puis il se mit à trembler. D'abord doucement, puis de plus en plus fou, oscillant d'un côté sur l'autre comme les petits jouets en bois que l'on pose en équilibre sur une aiguille. Brusquement il s'éjecta dans les airs dans une lueure bleutée, renversant les deux autres bocaux au passage. Le temps que Dorcha lève les yeux, elle entendit un curieux "plop" et le bocal retomba violemment sur la table. Elle le considéra un instant, les herbes aux fleurs rouges étaient fanée et dégageaient une odeur putride. Au centre, une enveloppe soigneusement roulée... Regardant autours d'elle, elle constata les dégats : les deux autres bocaux en tombant s'étaient brisés et avaient répandu leur contenu à travers toute la pièce...

- Ils veulent me rendre dingue ! Oui, c'est ça qu'il veulent, me rendre folle ! Folle à liée !

Elle attendit que le récipient se refroidisse avant d'attraper l'enveloppe. Son nez se plissa sous l'effet de l'odeur immonde qui s'en dégageait : un relent de mort auquel s'ajoutait un parfum bon marché certainement destiné à cacher la première odeur. "Le messager est une succube" pensa t-elle... D'une main elle décacheta l'enveloppe, de l'autre elle maintint le col de sa chemise sur son nez

Très chère Dorcha

etc, etc

Une fois sa lecture terminée, elle repprit un passage qu'elle espérait avoir mal compris, le relisant plusieurs fois :

Et bien sâche que, comme j'ai toute l'autorité sur cette guilde,

Puis elle relut la signature, vérifia que la même main avait écrit le bout de phrase et la signature, verifia qu'il s'agissait bien de la même encre, vérifia qu'aucun sortilège de masquage ou de déformation n'était appliqué sur l'une ou l'autre... Finalement, elle se laissa tomber dans son fauteuil, lachant la lettre qui voleta jusqu'au sol. Le son feutrée qui fit la la lettre en se posant résonna comme un glas dans les oreilles de Dorcha. D'une voix geignarde elle laissa échapper :

- Oh la la la la la la la.... Oooooh la la la la la la.... Je savais que ce n'était pas une bonne idée, je savais que tout irait de travers... Dalya, tu ne veut pas te rendormir, dis ? S'il te plait....

Finalement elle se laissa lentement glisser de son siège jusqu'au sol, comme si elle venait de mourir. Allongée sur le plancher elle avança lascivement sa main pour attraper une plante... Une herbe aux fleurs bleues dans ce tas ci, puis toujours comme si elle avait acceptée toute la misère du monde et que ces gestes en était ralentis d'autant, sa main s'avança vers une deuxième plante... une herbe aux fleurs blanches dans ce tas là ; une aux fleurs bleues dans celui-ci, une aux fleurs blanche dans celui-là, une aux fleurs bleues...............................................

Elle était totalement résignée maintenant.... "Le destin est ce qu'il est..." se disait-elle. Attentive à ce que son parchemin ne disparaisse pas d'un coup, elle s'applique à écrire :

A l'attention de Zekia, reine de la danse.

Salutations Zézé,

Je suis admirative de la position que tu as acquise au sein de la guilde. Oh en réalité c'est tout à fait normal, et la guilde ne peut que parfaitement s'en porter sous tes sages et parfaites décisions. Je me demandais seulement si tu en avais au moins parlé aux autres avant de donner ta réponse. Bien sûr leur avis ne compte pas réellement face au tien, mais juste pour une question de forme.

Je me réjouie que tu accèdes à ma requête, ou devrais-je dire à notre requête, et suis impatiente de pouvoir assister, les yeux ébahis, à un spectacle de danse, par la reine elle-même !

A très bientôt donc

Dorcha Aletheia

Elle pria un court instant pour que la fin du monde arrive avant la fin de la semaine, et observa la lettre.....

- Ben alors ? Elle part pas toute seule celle-là ?

Elle la poussa du doigt, souffla dessus, tapa dans ses mains au-dessus d'elle... rien

- Dalya.... tu veux quoi, que j'aille la poster moi-même à Stormwind ?

Une voix lui parvint... lointaine : "Non mais je rêve, Hurlevent bécasse..."

- Quoi hurlevent ?

A cet instant une brise fraîche se leva, se transformant rapidement en vent plus conséquent, puis en véritable rafale. Dorcha était plaquée contre un mur alors que la lettre s'envolait par la fenêtre. Le vent se calma aussi vite qu'il était venu, la pièce était sans dessus-dessous, deux bocaux de plante étaient brisés sur le plancher.... Elle regarda les dégats un instant, se demandant si elle allait rire comme une démonte ou pleurer.... Et puis elle préféra ne pas y penser, s'éloigna de la maison en sifflotant l'air de rien. C'était ça ou tout casser.... Et puis elle se souvint qu'après tout elle était magicienne aussi, elle aurait pu la poster de mille façons différentes, mais là aussi elle préféra oublier ça. C'était ça ou se jeter du haut d'une falaise....

Alors qu'Ash'therod se prélasse au soleil, comme à son habitude, allongée et les yeux fermés sur l'un des toits les plus élevés de la cités d'Hurlevent, Azpep, son diablotin, s'approche d'elle puis se met à lui murmurer quelques paroles.

Au fur et à mesure qu'il lui parle, un large sourire éclaire son visage.

- voilà une bonne nouvelle que tu me portes là. Elles reviennent... bien bien bien...

Elle ouvre les yeux puis se met assise.

- Bon, faudrait peut etre qu'elle soit au courant non ? Vu que l'autre cinglée a gardée la lettre.

La reine... la reine des quiches oui, dit-elle en souriant. Si elle savait ce que les diablotins sont capables et surtout entre eux, ajoute-t-elle en donnant une tappe amicale sur la tête d'Azpep.

Bon prévenons la "frangine", J'attends de voir sa réaction avec impatience.

Oh mon petit Azpep, je sens qu'on ne va pas s'ennuyer si elles reviennent !

Elle se lève alors, réajustant ses vêtements puis après une courte incantation disparaît ne laissant derrière qu'une légère odeur vite dissipée par une légère brise.

Coucou

- Quoi "coucou"...

Dorcha regardait le petit bout de parchemin avec perplexité. Elle l'avait vu à
l'instant, glissé sous la porte, mais n'avait trouvé nul messager allant avec.
Pas de signature non plus, mais cela n'était pas nécessaire : l'écriture fine et
penchée et les pleins et déliés étaient caractéristiques de Dalya. Elle n'eut
qu'a lever les yeux pour apercevoir par la fenêtre la démoniste a une vingtaine
de mêtre de la petite maison. Elle s'avancait au rythme d'une promenade
champêtre, devisant avec son diablotin comme une dame de la cours avec sa
confidente...

- Pas rouge, bleue. Tu sais bien que ce sont les bleues que je n'arrive pas à
obtenir. Ah, mais nous arrivons, tu veux bien aller toquer à la porte ?

- Et comment je toque, maîtresse ?

- Oh, mais utilise un peu ta tête de temps en temps !

Dorcha vit le diablotin prendre son élan et foncer tête baissée. Elle n'eut pas
le temps de bouger qu'elle entendit le choc sur sa porte. Quand elle ouvrit, le
diablotin était couché sur le sol les bras en croix, une bosse fumante sur le
front et un sourire niais aux lèvres.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire par utiliser ta tête... Mais pour en
revenir à ces fleurs, donc, le bleu ne semble pas être possible... Coucou
Dorcha, ça va ? Tu sais s'il existe quelque part des dahlias bleues ? J'ai
essayé tous les croisements possibles... Très jolie ta chemise, j'ai toujours dit que ça t'allais très bien le rouge, normal avec tes cheveux. D'ailleurs j'ai trouvé une plante très très interessante pour se laver les cheveux, mais je ne l'utilise ça sent mauvais. Oh, pas autant que ce diablotin qui empeste quand il s'excite mais tout de même. J'ai fait une petite sculpture de mon diablotin, tu veux la voir ? Ah non je l'ai laissé à la maison...

Dorcha n'avait pu que regarder Dalya entrer, qui avait, tout en deversant son flot ininterrompu de parole, déplacé des pots de plantes de la table au dessus de cheminée, redresser une tenture sur le mur, et qui s'apprétait à classer les rouleaux de parchemin de l'étagère.

- Euh... Dalya ?
- Oui ?
- Euh, bonjour, contente de te voir. Tu sais, ces parchemins sont en ordre, du moins je m'y retrouve dans mon classement.
- Oh, oui. Oui, bien sûr. Alors tu es prête ?

Le diablotin s'était réfugié près du feu, ou plutôt, dans le feu. Et Dalya s'était assise dans le fauteuil. Elle portait sa robe de démoniste, qu'elle avait ornée d'une broche représentant un démon crachant du feu ; à sa gorge, un pendentif en forme de crâne de... on ne sait pas vraiment de quoi ; et à sa main gauche, une fine bague surmontée d'une pierre si noire qu'on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un trou menant aux enfer. Elle n'avait pas changée : ses cheveux noires toujours regroupées en queue de cheval, ses lèvres joliement rouges, ses profonds yeux verts semblant scruter un autre plan, ses sempiternelles boucles d'oreille, son air détaché de tout ce qui pouvait l'entourer, et bien sûr, sa capacité à passer d'un état de loghorée verbale dans lequel rien ne semblait se tenir, au mutisme le plus total.
Même si elle s'en défendait, Dorcha était heureuse de la voir et de la retrouver telle qu'elle s'en rappelait.. en pire.

- Prête pour ?
- Et bien pour rentrer à la maison. Tu as fait le nécessaire, nous allons retrouver Zekia, et ne t'inquiète pas, les autres sont au courant aussi. Ash'therod l'a su de son diablotin, elle a du en parler à sa soeur qui en a parlé à Amnésia qui en aura parlé à Tiberias qui lui l'aura sûrement dit à... mais je t'ai déjà raconté la fois ou nous avons attaqué un gros élémentaire avec Amnésia ?
- Oui, oui.

Dalya semblait déçue et cherchait visiblement quoi raconter d'autre. Dorcha s'empressa de prendre la parole avant qu'il soit trop tard :

- Je ne suis pas tout à fait prête, je ne pensais pas te voir si tôt. Il me faut prêvoir quelques simples pour préparer des potions et puis il me faut graisser mes armes, et mes outils de minage, vérifier mon armure, sortir mes robes...
- Nous n'avons pas de cariole assez grande pour toute ta garde robe. Ce qui me fait penser que j'ai oublier mon nécessaire de couture, mais je dois en avoir un deuxième à la banque de Hurlevent, il parait que les maîtres couturiers ont fait d'énormes progrés, les alchimistes aussi d'ailleurs, et les ingénieurs, et même que des gens arrivent à sertir des objet avec des joyaux contenant une magie puissante, bref, tout le monde a fait des progrès sauf nous, c'est intolérable. Et moi qui n'arrive même pas à faire fleurir des dalhias bleues, tu te rends compte ? C'est en pêchant que j'en ai eu l'idée, parce que j'ai attrapé deux poisons qui nageaient côte à côte, un rouge et un bleu, je me suis dit que si les poissons pouvait être rouges ou bleus, pourquoi pas les dalhias ? Et puis le poisson bleu était meilleur au goût quoiqu'avec trop d'arrêtes, mais tout le monde sait que les dalhias qu'ils soient bleus ou rouges n'ont pas d'arrêtes. Quoiqu'on en sait rien étant donné qu'il n'y a pas de dalhias bleu...

Dorcha se demandait combien de temps elle allait supporter ce bavardage, elle résolu de feindre d'écouter tout en préparant son matériel.

- ... qu'en penses-tu ?
- Pardon ?
- Tu vois, tu ne m'écoutes pas ! Oh, ça ne date pas d'hier, déjà quand tu étais petite...

Dalya s'arrêta brusquement, contemplant la flambée dans la cheminée. "Un peu de répis, songea Dorcha. Et puis une fois arrivées à Hurlevent, je ne serais plus seule à devoir la supporter, autant que je me dépêche de tout préparer".