Dernier acte.

Mr Rikiki Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 03/01/2006

[HRP] : Je vous déposerai peu à peu ici l'histoire de notre cher M. Rikiki.
Si vous avez envie de marquer un commentaire, c'est par là.
Bonne lecture, bon courage. Laughing

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Né de la mer, le vent balaie les côtes déchirées d'Azshara, où les flots se sont ouverts pour engloutir l'ancienne capitale Kaldorei. Seules ses ruines demeurent désormais, hantées par les tribus de nagas sanguinaires.
Se dirigeant vers le Nord, il éventre les nuages sur la cordillère du Berceau-de-l'Hiver, puis abandonne les imprudents, aveuglés par le blizzard, à la merci des créatures peuplant les montagnes.
Il souffle, s'essouffle, poursuit sa course à travers des collines à jamais corrompues, où les fils de la nature souffrent le martyre, rendus fous de douleur par le mal issu du Fléau.
Lorsqu'il pénètre le sanctuaire de Havrenuit, de ce vent fier et implacable ne subsiste plus qu'une brise innocente, dont l'unique raison d'être semble d'avoir été vouée par Elune à finir sa vie sous les jupons de Mishael'Kal, pour lui apporter un éphémère réconfort.

Distraite par la caresse de sa déesse, l'ancienne grande prêtresse d'Astranaar desserre l'étau de ses mains autour du pot en terre cuite, s'arrachant un instant à la contemplation morbide des blessures de son fils aîné, pour regarder son propre reflet dans le puis de Lune.

Mishael a trop perdu. Elle a perdu ses amis, dans le rêve d'Emeraude. Elle a perdu son statut. Elle a perdu sa terre natale et ce fils aujourd'hui retrouvé. Elle a perdu son immortalité, la paix intérieure qu'elle ressentait en parcourant les abords du mont Hyjal.
Et tandis qu'elle ôte ces lambeaux de chair suintante, de cette chair si précieuse issue de ses propres entrailles, tandis qu'elle applique du baume pour retarder ce qu'elle sait être inévitable, c'est sa foi qu'elle perd.

Sourd à la douleur provoquée par les gestes de sa mère, Jiriki denn Kal étudie en silence l'image de ce corps nu, que lui renvoie la surface du puits. Il parcourt du regard cette balafre, qui prend naissance dans sa barbe, et s'étend de la jugulaire à la nuque, pour descendre jusqu'à la naissance de sa clavicule. Ses yeux glissent sur les muscles de sa poitrine mis à nu par une plaie suppurante, et continuent leur course jusqu'aux nouvelles limites de sa blessure, juste en-dessous des côtes.
Il écoute intérieurement les battements affaiblis du coeur de Silence, sans chercher à nier ce qu'il sait déjà. Plus jamais ils ne battront ensemble les forêts de Kalimdor, goûtant au plaisir de deux corps pour une seule âme. Plus jamais ils ne chasseront le dragon, se renvoyant l'attention de leur adversaire, pour finalement le mettre à terre.
L'Elfe comme le tigre sont désormais trop faibles pour vivre l'un sans l'autre.

Sa vision capte les minuscules ridules se formant à la surface de l'eau, son ouïe, les bruits de quelques gouttes venant remplir le puits de Lune. Toujours silencieux, Jiriki s'éloigne dans l'herbe, laissant Mishael pleurer.

Mr Rikiki Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 03/01/2006

Ruisselant encore de pluie, Jiriki referme la porte de la chambre derrière lui, et laisse lourdement tomber son sac. Il décorde son arc, accroche le baudrier de son espadon au mur, puis se défait rapidement des pièces d'armures encore maculées de chitine. Un grognement sourd sort de sa gorge quand sa cotte de mailles s'accroche aux bandages qui parcourent son flanc droit puis, tout en enfilant une robe, il revient vers le sac, et commence à fouiller à l'intérieur pour en extraire un calepin. Propulsé par un geste distrait, le carnet décrit une légère courbe, avant de finir sa course, ouvert, sur la pile de cartes et de livres qui recouvre le lit.
Quelques minutes plus tard, l'Elfe pénètre à nouveau dans la pièce, un fruit grignoté en main. Il s'arrête sur le pas de la porte, et de longues secondes s'écoulent tandis qu'il contemple les feuilles vierges du carnet, la tête légèrement inclinée...

Mr Rikiki Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 03/01/2006

Taverne des Marchebrumes, quartier de la vieille ville, Stormwind, Forêt d'Elwynn.

Azeroth est plongé en plein coeur de la nuit, et je suis infiniment trop tendu pour fermer l'oeil.
Je me nomme Jiriki denn Kal, et si les notes qui figurent sur les premières pages de ce carnet ne me sauvent pas, c'est par elles que commenceront mes mémoires.

Depuis le départ de Yania, mes cauchemars ont repris de la force.
Puisque je suis trop fatigué pour trouver par quoi débuter ce journal, autant commencer par ce qui me vient à l'esprit...